Faudrait savoir…
Deux consultations m’ont interpellé cette semaine.
La première, m’a fait revoir un petit garçon de 13 mois que j’avais vu pendant les vacances de noël avec une toux spastique et des sibilants tout plein. Il m’avait été amené par son père, lequel ne parle pas français, et tout juste quelques mots d’anglais.
Pensant bien faire, je l’avais mis sous Celestene, même si je me trouvais un peu la main lourde, au milieu des 40 patients quotidiens que furent mon lot pendant les « vacances », je m’assurais un peu égoïstement de ne pas le revoir 3 jours plus tard « parce que ça passe pas ». Sorry pour les reco HAS.
Je le revois pour autre chose cette semaine donc, amené par la mère cette fois, française et francophone, et la voilà qui m’agresse et m’accuse d’avoir voulu empoisonner son fils, elle qui s’évertue à le soigner à coups d’huiles essentielles, je lui avais donné de la CORTISONE, ce nouveau poison qui remplace la morphine au rang des saloperies que les médecins vous donnent pour vous rendre plus malades que vous n’êtes. Parce qu’elle sait, elle, que c’est dangereux la cortisone, elle connaît des gens qui en prennent et qui sont super mal avec ça, c’est plein d’effets secondaires et c’est pas naturel. Et la preuve, elle ne lui avait pas donné, et c’était passé quand même.
Je me suis fait un petit plaisir en lui rappelant que la grande majorité des consultations en cabinet de médecine générale relevait de pathologies totalement bénignes, qui finissent toujours par se soulager toutes seules, et parfois même aussi vite quand le docteur vous donne des gouttes pour le nez. Que c’est juste pour le petit confort de maman qui ne supporte pas plus d’une demi journée de voir son enfant avoir 37.9° de FIÈVRE (pour les rares qui ont encore un thermomètre), ou parce qu’il tousse et que du coup elle ne dort pas. Ou parce qu’il a vomi une fois et risque la déshydrataion aiguë.
Je lui ai dit que si elle n’avait pas confiance dans les traitements que j’avais à lui proposer, elle pouvait s’en tenir aux huiles essentielles et à la naturofoutrie, mais qu’elle ne vienne pas me demander un rendez vous en urgence un soir à 18h45 pour vérifier que cette toux qui a commencé après la sieste, c’est quand même pas la bronchiolite qui démarre.
La deuxième, elle me l’a demandé le rendez vous en urgence à 18h45, pour une éruption fébrile chez sa fille de 7 ans. Je ne la connaissais pas, et je lui ai donné, son rendez vous, le soir même, alors que j’avais déjà une bonne journée dans les pattes et que je n’étais pas le médecin de garde pour le soir même.
Son angoisse, finalement, en grattant un peu, c’était que sa fille fasse la rougeole, alors qu’elle avait toujours refusé le vaccin. Et qu’on le lui reproche (j’avais envie d’écrire « qu’on lui mette le nez dans sa merde », mais ce serait un peu vulgaire, alors je ne l’écrirai pas).
Sur le même modèle que la première, cette femme avait la certitude que les vaccins, c’est dangereux, c’est des poisons qu’on donne larga manu sans se rendre compte qu’on fait du mal, parce qu’on est à la botte des labos pharmaceutiques et qu’on en tire de l’intérêt personnel de vacciner les enfants, quand on n’est pas en train de leur prescrire de la cortisone.
N’empêche qu’elle ne s’était jamais imaginé que ces maladies, qui pour une majorité des cas restent bénignes bien heureusement, puissent atteindre sa fille, malgré la vaccination des autres enfants. Parce qu’elle était là sa faille : les vaccins, c’est dangereux pour ma fille, mais ça tombe bien que les autres soient vaccinés, comme ça la mienne ne risque rien. Elle était sincèrement terrorisée à l’idée que sa fille ait contracté la maladie pour laquelle elle avait décidé qu’elle n’avait pas besoin d’être protégée.
J’aimerais qu’elles regardent autour d’elles, toutes ces mères, et qu’elles comptent combien de gens autour d’elles ont encore des séquelles de poliomyélite; qu’elles s’imaginent une seule fois faire partie des quelques familles par an en France qui perdent un enfant d’une encéphalite rougeoleuse (chiffres de l’OMS : 345 000 décès en 2005 dans le monde à cause de la rougeole, c’est 50% de moins qu’en 1999, et ce grâce aux huiles essentielles, bien sûr).
Mais j’aimerais surtout qu’elles assument leur choix, qu’elles le fassent en connaissance de cause et pas en discutant sur doctissimo avec leur clones, et qu’elles arrêtent de creuser le trou de la sécu en consultant 10 fois dans l’hiver « parce qu’il a ENCORE le nez qui coule et qu’il tousse gras ».
Mais non, je ne suis pas énervé!
OOuuuuuuuaaaaiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiisss !!!!
M’en fous moi je fais confiance au corps médical, et je suis une grande fan des corticoïdes, alors….
bah tu vois t’as pas tant de réactions que ça finalement…
Une autre réaction ? ok
Il n’y a pas que les phytomanes, j’aime bien aussi les homéopathophiles qui, « pour faire prendre moins de médicaments aux enfants » ont une caisse entière de granules à la maison, avec des ordonnances de 30 lignes. Résultat : ça c’est pour le matin, ça le midi, ça le soir, une autre dose 3 fois par semaine, puis 1 ampoule 1 fois par mois, la boite verte c’est à la lune montante… etc… Je suis sûr que ces gamins ont plus l’habitude de prendre des cachets, et ainsi de « médicaliser » leur vie quotidienne, que les autres.
j’ai eu une petite pensée pour ce très bon article après les infos hier : « décès d’une fillette de douze ans de la rougeole ».
On va en voir débarquer des vaccinophobes !!
Bonne continuation
Il y a aussi les fous de tisanes, je hais les tisanes.
Pour les vaccins, c’est un problème majeur. Il faut dire que tant que les médias traiteront uniquement sous un angle spectaculaire les problèmes médicaux sans recul, ça va pas s’arranger.
C’est la théorie du complot, toujours efficace pour faire peur, mais pas très pour construire.
Ah mais c’est bon pour la santé les huiles essentielles !
Organisez donc des TP de démonstration des bienfaits de HE avec toutes ces donzelles qui font la fine-bouche sur la médecine académique : prenez un chat, prenez de l’HE de sariette, mettez qqs gouttes de sariette dans l’oreille du chat, attendez quelques minutes puis regardez-le convulser.
Faudrait que j’essaye avec le chien du voisin…
Ah merci !!!!! Je suis médecin, et j’ai deux enfants, qui sont vaccinés selon les recommandations habituelles.
Certaines mères de famille ( bobos, pro homéopathie, etc…) comptent effectivement sur le bon vouloir de tous les parents lambda pour protéger leurs enfants – tellement plus précieux que le commun des mortels – qui ne sont pas vaccinés …
La santé publique, c’est un concept difficile à comprendre…
Le plus casse pied dans cette histoire, c’est que c’est le môme qui trinque pour les couillonnages de ses parents, a contrario, ya des médecin qui veulent faire vacciner des nouveaux nés contré l’hépatite B, qui, si mes souvenirs sont bons, se transmet essentiellement par voie sexuelle… Alors bon, prônons pour tout le monde une bonne dose de bon sens et vogue la galère!
« Mais j’aimerais surtout qu’elles assument leur choix, qu’elles le fassent en connaissance de cause et pas en discutant sur doctissimo avec leur clones, et qu’elles arrêtent de creuser le trou de la sécu en consultant 10 fois dans l’hiver “parce qu’il a ENCORE le nez qui coule et qu’il tousse gras”.
Bon, j’ai bien vu que l’article avait un an, mais vu que je le découvre aujourd’hui, je vais quand même réagir, juste sur cette phrase.
Mais j’aimerais surtout qu’elles assument leur choix,
-> Alors tu vois peut-être principalement des femmes en consultation, mais c’est généralement un choix de couple.
qu’elles le fassent en connaissance de cause et pas en discutant sur doctissimo avec leur clones
-> Je peux te le dire : « elles » (et ils) ne rêvent que de ça. Trouver une info fiable et objective, des vrais chiffres, des renseignements pas biaisés sur les effets secondaires… C’est difficile de faire un choix à contre-courant, d’autant plus quand il touche à la santé de ton enfant. Par contre, trouver un médecin ouvert, qui accepte de discuter avec toi sans aussitôt dégainer les mots « inconscience » et « danger de mort », sans te regarder du haut de sa toute-puissance médicale comme un parent hippie illuminé, c’est pas simple. Si tu étais un de ces médecins ouverts à la discussion, qui ne prend pas ses patients pour des imbéciles mais pour des humains à la recherche de la meilleure décision pour eux, je peux te dire, je viendrais te voir, quelle que soit la ville où tu habites.
-> et qu’elles arrêtent de creuser le trou de la sécu en consultant 10 fois dans l’hiver “parce qu’il a ENCORE le nez qui coule et qu’il tousse gras”.
Ca, ça me paraît plutôt surprenant. Les enfants peu vaccinés ont, d’après les professionnels de santé de mon entourage qui sont habitués à en voir, généralement moins de problèmes l’hiver, et n’accumule pas les rhumes et autres joyeusetés. As-tu, toi, dans ta patientèle, un petit nombre d’enfants peu vaccinés qui pourrait te servir de base pour une telle remarque ?
@ Raph
Je ne sais pas si l’information que j’apporte à mes patients est objective, je m’y essaye en tous cas, et je discute toujours avec les parents avant de faire les ordonnances des premiers vaccins sur ce qu’ils en pensent. Je leur parle des maladies contre lesquelles on vaccine, je leur rappelle à quoi ça sert de vacciner, quels sont les vaccins obligatoires, quels sont ceux que j’ai l’habitude de faire et ceux qui à mon avis sont superflus.
Évidemment ça prend du temps, mais ne devrait on pas le faire pour chaque traitement qu’on prescrit..?
Pour la 2e remarque, je sais que c’est un argument des opposants aux vaccins, de dire que les enfants vacccinés sont plus malades que les autres. Dans ma vision des choses, un vaccin fonctionne en stimulant l’immunité de l’enfant, je ne vois pas pourquoi ça empêcherait l’organisme de réagir, à l’inverse des quantités d’antibiotiques et d’anti inflammatoires dont on abreuve les mômes au moindre rhume. Objectivement, dans mes petits patients je ne vois pas de différence.
@Dr Sachs
Tu parles des « opposants » aux vaccins. Etant donné que 1. je n’aime pas les étiquettes, 2. mes enfants sont vaccinés, certes moins que la moyenne, mais plus que le minimum légal, je précise tout de suite que je ne me range pas dans cette boîte-là.
« Je ne sais pas si l’information que j’apporte à mes patients est objective, je m’y essaye en tous cas, et je discute toujours avec les parents avant de faire les ordonnances des premiers vaccins sur ce qu’ils en pensent. Je leur parle des maladies contre lesquelles on vaccine, je leur rappelle à quoi ça sert de vacciner, quels sont les vaccins obligatoires, quels sont ceux que j’ai l’habitude de faire et ceux qui à mon avis sont superflus. »
Donc tu leur parles de pourquoi tu vaccines, ce qui effectivement fait partie de la prescription, et que pour autant on aimerait trouver chez plus de médecins.
Moi, j’aimerais qu’en plus de pourquoi on vaccine, on me parle de pourquoi on pourrait ne pas vacciner : les effets secondaires du vaccin, lesquels, graves ou non, et de l’incidence de ces effets secondaires, vs l’incidence de la maladie. Et qu’avec ces infos objectives, apportées par un médecin objectif, on nous laisse, nous parents, faire notre choix, en partant du principe qu’on a un cerveau en état de marche, que c’est nous qui assumerons les conséquences si notre enfant chope la maladie en question, à tous les niveaux, et qu’on ne me casse pas les c**** à chaque visite parce que j’ai choisi de ne pas faire des vaccins NON OBLIGATOIRES.
» Pour la 2e remarque, je sais que c’est un argument des opposants aux vaccins, de dire que les enfants vacccinés sont plus malades que les autres. »
Sont très c***s, hein, ces opposants au vaccin, se tirent une balle dans le pied tous seuls !
« Dans ma vision des choses, un vaccin fonctionne en stimulant l’immunité de l’enfant, je ne vois pas pourquoi ça empêcherait l’organisme de réagir, à l’inverse des quantités d’antibiotiques et d’anti inflammatoires dont on abreuve les mômes au moindre rhume. Objectivement, dans mes petits patients je ne vois pas de différence. »
« On » abreuve les mômes, sachant que ces médicaments doivent forcément être délivrés par un médecin… C’est qui « on » ?
Tu es bien placé pour savoir qu’on ne trouve que ce qu’on cherche. Si les parents hésitent à te dire, à part un soir à 18H45 en panique, qu’ils n’ont pas vaccinés contre la rougeole, je suppose que c’est difficile pour toi d’observer une différence. Je ne mets pas en doute tes conclusions, mais je me dis qu’il y a peut-être un biais d’observation.
Je sais que le postulat « le vaccin stimule l’immunité » est le postulat communément admis, mais si on part de l’observation plutôt que du postulat, on a parfois des surprises. Et les professionnels de santé dont je parle (dont mon ancien généraliste, parti à la retraite et que je retraite encore) avaient pris cette voie : repérer les enfants moins malades et essayer de dégager des points communs. Il nous a parlé de certaines choses qu’on présente aujourd’hui comme des découvertes, il y a dix ans ! Et ne pas vacciner à tout va en faisait partie (et quand je dis « vacciner à tout va », ça veut dire 4 vaccins, point barre).
Un dernier mot sur ton post : le problème de cette maman que tu critiques comme irresponsable parce qu’elle comptait sur la couverture vaccinale des autres, ce n’était sans doute pas ça. Je fais une supposition, hein, mais à mon avis elle n’a pas vacciné parce qu’elle a pensé qu’elle préférait la rougeole au vaccin – c’est son droit – et qu’une fois en face d’une supposée rougeole, elle a flippé parce que quand on ne vaccine pas, on est toujours désigné coupable, les braves gens n’aiment pas que, tout ça, regardez si votre enfant souffre, c’est votre faute, une piqure aurait évité ça, c’est malin.
Devant son enfant qui souffre, ou risque de souffrir, on perd les pédales, mais ça ne veut pas dire qu’elle regrettait son choix ou l’avait fait par inconscience.
Le problème de la vaccination n’est pas qu’un problème personnel. C’est un problème de santé publique. Ne pas faire vacciner un enfant, c’est en effet prendre le risque que l’enfant contracte la maladie, avec les complications rares mais parfois graves qui s’ensuivent. Mais c’est aussi assumer que cet enfant contamine dans son entourage quelqu’un d’autre de plus fragile, un nourrisson, une personne malade avec des défenses moins efficaces, et qui fera des complications plus faciles ou plus graves.
L’encéphalite rougeoleuse, c’est une complication rare de la rougeole. Quand on a 10 cas de rougeole par an en France avec une couverture vaccinale suffisante, on a peu de chances d’en voir. Au 1er trimestre 2010, c’est 3000 cas qui ont été recensés, avec 4 mortels.
Faire vacciner un enfant, ça peut aussi relever du geste citoyen.
Quant à te donner les noms de mes confrères qui persistent à donner du Clamoxyl pour chaque rhinopharyngite, je ne suis pas sûr d’avoir la place, malheureusement.
Bien d’accord avec toi.
Dans ma pratique quotidienne, je pense arriver à ne pas tenir de discours culpabilisant aux vrais patients que j’ai en face de moi. J’essaie d’apporter les informations les plus objectives possibles. Et, dans la très grande majorité des cas, je pense parvenir à convaincre les parents réticents de l’intérêt de la plupart des vaccins.
Mais, à un niveau plus global, je suis assez en rogne contre certains discours. Pour beaucoup, les arguments anti-vaccins me semblent relever d’une logique « d’enfants gâtés » : je veux dire d’une société qui, grâce aux vaccins justement (je parle principalement du ROR), a complètement oublié la gravité de certaines maladies.
Une société pour laquelle rougeole et roséole, c’est pareil ou presque : une maladie infantile un peu folklorique qui fait des boutons ‘épicétou’.
Quand, par ailleurs, il est de bon ton de dénoncer BigPharma (et Dieu sait que je ne suis pas tendre avec l’industrie), on a vite fait de jeter le bébé avec l’eau du bain et de penser que vaccins et Mediator ce n’est pas très différent.
Et pourtant, la rougeole EST une maladie potentiellement grave. C’est la troisième cause de mortalité infantile en Afrique après le palu et les diarrhées. 2 millions de morts par an, merde !
Et à ces mères africaines qui n’ont tout simplement pas le luxe de se poser la question, faute de moyen, il faudrait leur expliquer quoi ? Que oui, mais, bon, les vaccins ça peut aussi avoir des effets indésirables ??? Face à cette réalité, oui, je trouve certains arguments assez odieux.
S’il existe une étude sérieuse qui met en évidence un risque significatif avec le vaccin ROR, je suis preneur !
C’est d’autant plus navrant que la rougeole est une maladie strictement humaine. Il n’existe aucun « réservoir » dans la nature et on pourrait tout à fait espérer, grâce à la vaccination, l’éradiquer de la planète. Comme on l’a fait pour la variole.
Quant à la question de savoir si les enfants vaccinés sont plus ou moins résistants que les non vaccinés, je ne crois pas qu’il existe d’étude l’ayant établi.
Ce qui est sûr par contre, c’est que « l’expérience personnelle » d’un médecin, fut-il le meilleur et le plus honnête du monde, n’a strictement aucune signification. On peut y trouver tous les biais statistiques possibles. Il s’agit donc là d’une question de croyance et non, jusqu’à preuve du contraire, d’un fait prouvé. Ni dans un sens, ni dans l’autre.
@Docteur Sachs :
Ca, je peux l’entendre. Exactement comme *tous* nos choix, le choix de se faire vacciner a des répercussions sur les humains qui nous entourent, et sur leur santé.
Et, de la même façon que certain-e-s (une minorité, bien sur) continue à prendre la voiture alors que le gamin d’à côté est asthmatique, à manger de la viande alors que les Africains meurent de faim (je développe le lien de cause à effet si vous l’ignorez), à offrir des jouets fabriqués en Chine à des enfants plus âgés que ceux qui les ont fabriqués, certains font le choix de ne pas vacciner.
Sauf qu’à la différence des autres, ce n’est pas un choix « ça me fait plaisir, tant pis pour les autres ». Le choix de se faire vacciner présente un certain risque potentiel, peut-être « statistiquement non significatif », mais réel. Et pour certains vaccins, j’estime que la balance entre ce risque et celui de la maladie, penche en faveur de la maladie, dans mon contexte familial.
Ce n’est pas, Borée, un choix d’enfant gâté : c’est un choix contextuel. Je peux me flageller parce que mes enfants sont nés dans un pays riche, ou prendre cette donnée en compte et agir en fonction. Dans un autre pays, ou une autre époque, je ferais peut-être (sans doute) un choix différent. Tu peux considérer que notre époque est privilégiée, mais c’est une autre histoire.
Sinon, quand je parle d’information objective, c’est justement une information qui n’a pas pour but de convaincre. Le fait que tu essaies de ne pas être culpabilisant me paraît être du simple respect pour les patients munis de cerveaux qui te font face.
Le ROR n’existait pas il y a 30 ans, quelle était la mortalité en France à cette époque ? Les deux millions de morts dont tu parles sont grandement dus à la malnutrition, à la faible immunité : faire la maladie dans ces conditions est bien sûr tragique.
Quant aux études dont tu parles sur la santé des enfants non vaccinés, je suppose que tu plaisantes : qui financerait une telle étude ? Qui aurait même intérêt à ce qu’elle soit réalisée ? Où vas-tu aller trouver une population statistique d’enfants non vaccinés, sachant que la vaccination est encore obligatoire en France ?
L’expérience personnelle d’un médecin en qui j’avais confiance, et que tu juges relever de la croyance, me paraît personnellement tout aussi fiables que les études de Big Pharma. Les biais statistiques y sont certainement, le biais financier y est moins. Il ne s’agit pas de jeter le mediator avec l’eau du bain, mais de garder un certain recul. Tes patients vaccinent souvent suite à ton discours, venu de tes bouquins (ça durera le temps que ça durera) parce qu’ils te font confiance ; j’ai fait le choix inverse, pour les mêmes raisons, et parce que l’expérience du médecin me paraissait au moins aussi intéressante que les bouquins qu’il avait lus. Plus j’observe mes enfants, et ceux des voisins, plus ça me conforte. Ca n’a strictement rien de scientifique, mais vois-tu, ça tombe bien, je suis père et non médecin.
Bonjour, je tombe un peu par hasard sur ce blog (en fait je lisais celui de Jaddo qui m’a renvoyé sur celui de Borée qui m’a renvoyée ici…ça marche bien les relations dans le médical ) et cette question m’intéresse.
Je précise que je suis maman d’un petit garçon de 3 ans, que j’ai fait vacciner contre le ROR, mais après beaucoup d’hésitations. Je l’ai fait parce que j’ai peur des complications de la rougeole. Néanmoins, je m’interroge beaucoup plus sur le « OR » du ROR. A titre personnel, j’aurais préféré qu’il puisse attraper les oreillons et la rubéole, développer son immunité, et puis le faire vacciner plus tard contre les oreillons, avant l’adolescence, parce que j’essaie d’être une mère responsable. Alors bien sûr, quand on me dit que c’est pas possible, que c’est le ROR, ou rien, je capitule, mais j’ai quand même l’impression d’être un pigeon.
Pareil quand mon médecin veut que je vaccine mon bébé contre l’hépatite B…ou quand je vois la communication développée autour du Gardasil pour les jeunes filles…un vaccin contre le cancer, tu parles…
Alors bien sûr, c’est facile de traiter les parents d’irresponsables, mais il faudrait avant tout avoir des informations fiables et indépendantes sur les vrais risques des vaccins…
Bien d’accord avec toi cher confrère… (je parle à Raph, mais peut-être aurais-je dû dire com-père).
Je trouve que le désir d’éradiquer les maladies relève du pur fantasme scientifico-médical… On a certes éradiqué la variole et la polio, mais combien de maladies sont apparues depuis ? Peut-on savoir si elles seraient apparues si on n’avait pas combattu les premières ? La nature a horreur du vide, imaginer un monde sans maladie (bactéries, microbes…) n’est pas du tout réaliste, et en général, ce qui apparaît est toujours plus grave que ce qui a disparu – sans compter qu’on ne connaît pas donc qu’on ne sait pas soigner.
Personnellement, j’ai plutôt l’impression qu’en vaccinant à tout va, on déplace l’âge auquel se font les maladies (je connais plein d’adultes qui ont eu la varicelle et la rougeole, mes parents n’avaient pas connu ça, puisque tout le monde l’avait eu enfant), et en même temps, on augmente la virulence de la maladie. Du coup, c’est à une forme plus virulente que peuvent être confrontés ceux qui sont fragiles et pas encore vaccinés, comme les nourrissons – et je ne pense pas que faire 24 injections à un petit de 2 mois soit sans conséquences.
Pour finir sur l’Afrique, je pense qu’il serait autrement plus humain *et* intelligent d’agir sur la famine et la répartition des richesses (et de la nourriture !) Nord-Sud que de vacciner ou de se faire vacciner. L’idée de vacciner nos gosses pour protéger les petits Africains a un vieux goût de « finis ton assiette, y’a des enfants qui meurent de faim » qui me laisse aussi interrogateur aujourd’hui qu’à l’époque où on me le disait.
Le problème est que cette aversion contre le vaccin gagne de plus en plus les médecins eux-même. Parcours du combattant que de faire vacciner mon fils. Allant en crêche, nous voulions le faire vacciner ROR à la visite des neufs mois. Refus de la médecin. Résultat, deux mois plus tard. Rougeole. 3 semaines très pénible, fièvre, anorexie, perte de poids qu’on aurait pu (dû) lui éviter simplement, comme ce fut le cas pour ses soeurs (entre temps, notre pédiatre étant décédé, nous avions dû changer de médecin).
Nous avons donc décidé de changer à nouveau de médecin. Quelques mois plus tard, bien remis de sa rougeole, nous redemandons le vaccin, que nous avions au réfrigérateur, afin d’assurer la protection oreillon rubéole. Le médecin refuse à nouveau sans pour autant argumenter solidement. Mon épouse à prévenu que s’il ne le faisait pas, c’était moi qui le ferais le soir en rentrant. Gain de cause. Mais de plus en plus de médecins se laissent convaincre par le « tout sauf les vaccins ». On attendrait pourtant plus de recul de professionnels de la santé.
Je tombe sur ce billet presque par hasard, mais j’étais alléché par l’argumentaire imparable pro-vaccination que j’allais y trouver. Et quoi ? Eh bien comme d’habitude une belle profession de foi, pas du tout documentée et qui ferait passer les quelques dizaines de famille qui ne vaccinent pas leur enfant pour une armée de terroristes mettant en danger toute le schéma de santé publique…
Dans un autre billet, vous écrivez : « Après avoir quasiment disparu d’Europe, l’épidémie [de rougeole] redémarre. D’abord en Grande-Bretagne et à présent en France en raison de la baisse de la couverture vaccinale. » Ah bon ? Quelles sont vos sources ? Quelles données avez-vous pour corroborer cette hypothèse ? Pourquoi la vaccination massive n’aurait-elle pas un lien sur la réapparition de la maladie ? Comment ? ce n’est pas ce que dit l’IVS ? Ah d’accord.
Vous écrivez aussi : « S’il existe une étude sérieuse qui met en évidence un risque significatif avec le vaccin ROR, je suis preneur ! ». Mais pourquoi est-ce que vous n’allez pas la chercher vous-même ? C’est vous le médecin, c’est vous qui avez l’obligation de formation continue tout au long de votre carrière, pas les patients contre qui vous allez pester parce qu’ils ont le malheur de refuser de faire un vaccin pour lequel l’état n’engage pas sa responsabilité.
Il y a fort à parier que si la grande majorité des médecins ne racontait pas systématiquement n’importe quoi ou ne refusait pas d’informer leurs patients au sujet des vaccins et de leur danger potentiel, on éviterait ce genre de crispations stériles. Quoi ? vous voulez faire vacciner votre enfant avec le tetravac ? Jamais de la vie, ce sera 7 sinon rien (m’a dit mon visiteur médical). Comment ? On parle d’un lien entre l’administration du vaccin contre les oreillons et l’apparition des diabètes insulino-dépendants ? Jamais de la vie ! Ma parole vous êtes un ayatollah !
Quoi quoi ? De plus en plus de médecins adoptent des positions critiques vis a vis de la vaccination ? Pour quelqu’un qui n’a fait que dix ans d’études, ce n’est pas très étonnant : on arrive vraiment à leur faire gober n’importe quoi.
bonjour
mon problème en tant que patiente qui réfléchit est que je n’ai jamais rencontré un médecin pro-vaccin qui me donne une raison de ne pas faire le(s) vaccin(s) ni un médecin anti-vaccin qui me donne une raison de faire le(s) vaccin(s) et que s’il y a une seule chose dont je sois sure, c’est que les choses ne sont jamais toutes blanches ou toutes noires. Alors moi, ce qui me convaincrait vraiment de faire (ou pas) les vaccins, ça serait de rencontrer enfin un médecin qui me donne des arguments pour et des arguments contre ! (arguments à titre individuel et collectif, j’attends bien l’argument de santé publique par exemple).
Une autre chose : la vaccin rougeole seule existe (sans oreillon-rubéole). Je l’ai fait à mes enfants vu que je n’ai jamais entendu d’arguments m’indiquant que les vaccins oreillons/rubéole avaient un intérêt avant la puberté. On vend toujours le ROR via la rougeole seule … ça non plus, ça aide pas à rester serein
commentaire « tardif »…
Bien dit!!! Totalement d’accord!
C’est vieux comme article mais les commentaires me laisse songeuse…
Donc, je vais résumé je suis une super bonne mère car je m’interroge sur du bénéfice/risque d’un vaccin.
Euh, ouais ben moi ch’uis une mère moyenne qui préfère faire vacciner ces enfants plutôt que de les voir malades ; et pourtant je connais un cas de vaccin qui a mal « tourné »…
My 20 sents…
Gne?
Je découvre un peu le monde des médecins blogueurs. J’ai commencé par lire les « officiellement pas anti-vaccins », qui sont en fait occasionnellement cités comme références justificatives par des personnes qui disent ne pas vouloir vacciner ou du moins y être réticent (ex: http://docteurdu16.blogspot.fr/search/label/ROUGEOLE)
Du coup, découvrir enfin des médecins blogueurs qui comprennent l’utilité du ROR, la gravité de l’épidémie qui avait commencé en 2008, … ca fait du bien.
Parce qu’au bout d’un moment, j’ai surtout l’impression que ces « ni oui/ ni non » se complaisent surtout à critiquer toute recommandation officielle pour le plaisir de se faire mousser, de recevoir les compliments de tout ce que le net comporte de parents « recherchant des informations objectives pour faire un choix éclairés » (=renforcer leur a priori), qu’autre chose…
Bref, Merci!